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mercredi 7 mars 2012

Nous n’irons pas à la journée du 8 mars...

Je retrouve avec bonheur Myriam et Asma qui me font découvrir un nouveau lieu très sympa. Les deux amies sont de véritables tunisoises et c’est toujours un vrai plaisir de se laisser guider par elles. Au café-concert L’étoile du nord, aménagé dans un ancien entrepôt et qui propose essentiellement du hard-rock, se côtoient étudiants, artistes, intellectuels et journalistes. A peine installées, un homme d’une cinquantaine d’années au look mi-rock, mi-baba-cool s’arrête en passant pour nous saluer chaleureusement et sans ambages. C’est lui, le «maître des lieux».
Myriam et Asma ont activement participé à la révolution (voir billets n°45, 46, 47) ainsi qu'à la préparation et l’écriture de la constitution de Mahdia (l’une des nombreuses propositions de constitution créée avant les élections d’octobre 2011) qui fut portée par la liste «Doustourna». Celle-ci n’a malheureusement remporté aucun siège à l’assemblée constituante - faute de moyens pour se faire connaître parmi la centaine de partis constitués après la révolution. Les deux jeunes filles avouent être lasses de la politique actuelle et se sont détachées des activités militantes pour se tourner vers d’autres sources d’intérêt. Comme la création d’un journal web sur le monde de la mer et l’écologie... On ne peut pas lutter continuellement surtout dans un système de pouvoir si complexe que la majorité des gens ont peine à comprendre les enjeux réels, noyés dans un flot d’informations entre les théories complotistes et les infos «écran» qui visent à détourner l’attention. Arrive un moment où l’on s’essouffle... Et le monde maritime semble être un excellent moyen pour se ressourcer. Je suis sûre que les deux jeunes femmes vont bientôt retrouver leur combativité et leur énergie indispensable pour changer le monde. Car la révolution a démontré que ce sont les hommes et les femmes qui changent le monde. Et les femmes tunisiennes ne sont-elles pas «pimentées» comme le dit si joliment Myriam?
 
Je questionne les deux amies sur la manifestation du 8 mars. Les examens ne sont pas la seule et unique raison de leur absence au rassemblement de demain. Myriam, blasée, m’explique : «ça va être un rassemblement où l’on ne verra que des bourgeoises... ça ne va rien changer. Les gens vont encore dire que c’est une cause pour les riches...».

Les martyrs de la révolution - Le Bardo - Tunis - Mars 2012
La situation actuelle est un étrange statu quo.
Un moment suspendu comme la vague en allée préparant son ressac.
Alors, faudra-t’il une autre révolution? La réponse de Myriam est nette et précise : rien ne changera tant que le centre ne bougera pas. La révolution est venue des régions du centre. Pas de Tunis sagement ancrée au nord du pays. Elle a mis deux ans pour se propager jusqu’à la capitale. Myriam a raison. Elle me remémore les événements du bassin minier de Gafsa en 2008, très violemment réprimés puis la montée des révoltes en 2010 jusqu’à Tunis, ralliée tardivement à la cause mais qui a permis, en atteignant la tête symbolique du pays, de faire fuir le monstre Ben Ali...
Alors c’est bien à Gafsa qu’il faut aller chercher les braises de cette révolution inachevée...
"Voiture-cerf" - Monstre urbain - Quartier du Bardo - Tunis - Mars 2012
 

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