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jeudi 28 juin 2012

Où est passée la révolution ?

Un an et demi après la révolution et un an après mon premier voyage, je retrouve Tunis et l’avenue Bourguiba.

Je remarque l’absence de barbelés sur la place de l’indépendance et devant l’ambassade française. La statue de Ibn Khaldoun qui se dresse entre l’église et l’ambassade de France le visage tourné vers l’horloge de l’ancien dictateur Ben Ali, à l’autre bout de l’avenue Bourguiba semble toujours dépitée de se trouver là dans cette Tunisie contrastée du XXIème siècle…

Dans les rues adjacentes au Marché central, les vendeurs ambulants ont repris les trottoirs : tee-shirt, slips et tongs made in Asia jonchent le sol sur des tapis de fortune. Les yeux furètent partout à l’affut des policiers.

Sur le bitume luisant de soleil, les chats errent indifférents aux humains, toujours aussi maigres, ils trainent leur carcasse dans l’espoir de trouver au détour d’une poubelle un déchet comestible.

Gare de Barcelone, les nouveaux trains de la banlieue sud, rutilant neuf et détonnant avec les quais restés en l’état, ont des beaux sièges et la clim. On ne voit plus les adolescents rêveurs, le nez au vent sur les marches des portes déglinguées, le regard perdu dans le paysage défilant.

Sur les murs de l’avenue Bourguiba les slogans révolutionnaires ont été effacés et près du Théâtre, derrière les grandes publicités pour la banque BIAT un immeuble se construit qui accueillera ses bureaux.

Tandis que sur la place de l’UGTT, les travailleurs syndicalistes manifestent pour leurs droits, des hommes s’arrêtent devant les kiosques à journaux qui prolifèrent sur les trottoirs pour regarder les gros titres. A l’ordre du jour, un conflit qui oppose le président provisoire Mr Marzouki et le premier ministre provisoire membre d’Ennahda à propos de la décision de ce dernier de renvoyer un réfugié politique libyen contre l’avis du président. A l’heure qu’il est, si l’homme n’est pas mort, la torture aura bien entamé son espérance de vie.
A part cela, les derniers événements semblent être le fait de salafistes…

Aujourd’hui où est l’esprit de la révolution ?

Caché dans le cœur des activistes associatifs, syndicalistes ou partisans, surfant sur internet, dans les blogs et autres réseaux sociaux, ou lové dans les yeux de ceux qui pensent à la révolution de demain.

Attaqué de toutes parts, l’esprit de la révolution semble en suspens dans la moiteur de l’été tunisien. 
Tandis que celles et ceux qui ont formé l’étincelle vive de ce qui allait entraîner tout un peuple vers la révolte pacifique contre son bourreau et entraînant sa chute, les adeptes de l’ancien dictateur dont les pires exécutants n’ont à ce jour pas été punis pour la plupart tentent de reprendre le pouvoir d’une manière ou d’une autre. Certains ont d’ailleurs rejoints les rangs des salafistes passant naturellement d’une dictature laïque à une dictature religieuse. D’autres tentent de reconstruire l’ancien parti du dictateur, en repeignant la façade d’un nouveau nom. Beaucoup d’électeurs d’Ennahda ont déchanté…

On attend les prochaines élections prévues en 2013 qui décideront du premier gouvernement de la Tunisie post-révolutionnaire. On rigole pour ne pas pleurer des grossières erreurs révélant les incapacités des politiques actuellement au pouvoir. Bref, on expérimente les limites de la démocratie…