Je n’avais pas compris ce que signifiaient les photos un peu floues qui défilaient sur Facebook. Les commentaires en arabe ne m’éclairaient pas, ne parlant malheureusement pas cette belle langue. Je discernais des gens et un drapeau ou plutôt un porte-drapeau. Cela ne me disait rien... L’information s’est propagée sur internet à une vitesse éclair et ce sont les gens qui en racontant l’anecdote m’ont permis de prendre conscience de l’ampleur de l’acte symbolique. Il est vrai qu’en France, mis à part pour certaines personnes aux idées politiques bien particulières (je veux parler, pour nos amis tunisiens, de l’extrême-droite), le drapeau national n’est pas particulièrement apprécié... Mais ce qui s’est passé à l’université de la Manouba à Tunis est un acte particulièrement important. Cette université est occupée depuis novembre dernier par un groupe d’islamistes qui tentent d’imposer leur vision du monde par la force et la violence. Ces extrémistes réclament la séparation des sexes au sein de l’université, le port du voile pour les femmes professeures et l’admission d’étudiantes en niqab (voile intégral) à l’intérieur des cours. Parfois ils font des actions comme bloquer l’entrée de l’université. Ils ont également agressé verbalement et physiquement des professeur(e)s et des élèves.
Aujourd’hui, la veille du 8 mars, un jeune «barbu» (comme l’on nomme ici les islamistes) est monté sur le toit de l’université pour décrocher le drapeau tunisien et y mettre à la place le drapeau salafiste - terrible drapeau noir couleur deuil sur lequel est inscrit en lettres blanches et en arabe bien sûr «Dieu est unique». Les étudiants ont observé la scène, tétanisés et incrédules. Seule une jeune femme courageuse est montée sur le toit afin d'enlever le drapeau islamiste et remettre le drapeau tunisien en place. Le jeune salafiste a violemment jeté la femme à terre. A ce moment-là des étudiants sont montés sur le toit et une confrontation semble avoir eu lieu... Cette scène a été filmée plusieurs fois par différentes personnes via leur téléphone portable et autres outils multimédias... Des images ont circulé sur internet. Mais seule une image est restée. On y voit la jeune fille, frêle, petite, en léger contrebas, levant la tête vers le barbu qui semble un géant dans sa robe noire, tout droit sorti d’un conte de barbe-rousse. Elle tend son bras vers lui, ou plutôt le pose sur le sien avec douceur et fermeté. Lui, dominant par sa stature et sa position, lève la main comme pour dire «non, lé, lé, il n’y a rien a faire, je ne discuterai pas avec toi, je ne veux pas entrer en contact avec toi, tu n’es pas ma sœur, je ne t’écouterai pas...».
L’image est forte et le flou des pixels photographiques rend la photo presque irréelle, les visages en perdant de leur netteté permettent de projeter sur les formes graphiques ses propres interprétations. Elle pourrait être toutes les jeunes filles qui se battent courageusement pour leur liberté, il symbolise les islamistes dans leur entêtement funèbre et leur volonté de domination.
D’ailleurs, l’identité de la jeune femme est restée floue quelques temps. Comme d’autres médias, le journal La Presse de Tunis avait annoncé le nom d’une militante de l’UGET (Union Générale des Étudiants de Tunisie) emprisonnée sous Ben Ali pour ses activités syndicales. Des images de cette militante avaient tourné sur internet. Puis un autre nom est apparu, celle d’une jeune fille originaire de la région de Gafsa, qui semble être la bonne au vu des nombreuses interviews qu’elle a donné à la télévision.
Mais c’est cette image un peu floue et fortement symbolique que l’on retiendra de cette jeune fille en cette veille de la journée internationale des droits des femmes.
D’ailleurs, l’identité de la jeune femme est restée floue quelques temps. Comme d’autres médias, le journal La Presse de Tunis avait annoncé le nom d’une militante de l’UGET (Union Générale des Étudiants de Tunisie) emprisonnée sous Ben Ali pour ses activités syndicales. Des images de cette militante avaient tourné sur internet. Puis un autre nom est apparu, celle d’une jeune fille originaire de la région de Gafsa, qui semble être la bonne au vu des nombreuses interviews qu’elle a donné à la télévision.
Mais c’est cette image un peu floue et fortement symbolique que l’on retiendra de cette jeune fille en cette veille de la journée internationale des droits des femmes.
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