Au café de l'Univers on a toujours débattu des idées... |
Entre temps, Vincent le français a rejoins notre table. Il vient de lire dans Libération un article intéressant sur les élections en Tunisie. Jusqu'à présent l'ISIE avait annoncé avec fierté un taux de vote de 75% des tunisiens inscrits sur les listes électorales. Or ces inscrits sont loin de représenter toute la population en âge de voter. Jusqu'à présent, personne n'avait annoncé les pourcentages réels de vote par rapport à la population totale. Ce qui relativise pas mal la "victoire" d'Ennahda. Nous discutons alors de ces chiffres : 40% de voix pour Ennahda sur 60% de la population totale en âge de voter, cela fait grosso modo 25 à 30% de la population tunisienne ayant voté pour Ennahda... Je ne sais pas si ces chiffres rassurent vraiment les deux jeunes militantes...
Taquin, Vincent dit à Fedia : "Grâce à cette victoire du parti islamiste, tu vas enfin retrouver ta combativité!". Fedia rigole : oui, elle se sent moins déprimée que durant la campagne des élections où l'inégalité de moyens entre les partis lui pesait... Et comme pour prouver ce regain d'énergie combative, elle sort de son sac un petit livre écrit en arabe. Il s'agit du Code du Statut personnel, qu'elle a acheté il y a quelques années et qu'elle ressort aujourd'hui. "Pour me remémorer les textes, les apprendre et pouvoir répliquer aux islamistes. Il faut faire la différence entre l'application et les textes réels. Vérifier ce que disent les leaders islamistes par rapport au code et savoir s'ils enfreignent la loi." Se référer à la loi est un acte de résistance civique...
Le Code du Statut personnel a été mis en place par le président Bourguiba en 1956 |
Vincent rajoute d'un ton ironique : "Ce sera une bonne excuse pour autoriser la polygamie, si la femme est stérile, ça deviendra légitime d'en prendre une deuxième pour faire des enfants..." Nous rigolons sur le fait que beaucoup d'hommes, même occidentaux, ne diraient pas non au vieux fantasme de la polygamie... Mais cela nous laisse songeurs...
On commence à grignoter sur des idées en apparence apolitiques et anodines (qui se soucie de cette minorité que représentent les femmes stériles?) mais qui néanmoins touchent plus ou moins directement à la place des femmes dans la société... Mais la question que je me pose est la suivante : Au final, en quoi l'adoption peut-elle gêner certaines personnes?
Que l'on aborde les choses sous un angle microscopique ou au contraire macroscopique, la jeunesse révolutionnaire semble enfin reprendre la lutte : "Le 11 novembre est la journée internationale des indignés. On ne sait pas si cet événement va mobiliser les tunisiens mais on va travailler à ce mouvement pour organiser un rassemblement devant la Bourse tunisienne..." annonce Fedia, une petite lueur dans les yeux.
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