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mercredi 26 octobre 2011

Elections : féministes, le combat commence à peine


A 16h00, je rejoins Meriem Zeghidi à l'université féministe où l'ATFD se réunit pour la première fois depuis les élections. Dans le bureau, j'avise la bibliothèque où se côtoient des livres en arabe, français et anglais sur les femmes. "Nous voulons mettre en place un fond pour que les personnes puissent emprunter les livres qui traitent des femmes et du féminisme." me précise Meriem. Lorsque je l'ai appelée lundi, au lendemain des élections, elle était très fatiguée et déprimée. Aujourd'hui, elle est très affectée par le score élevé d'Ennahda et de certains partis quasiment inconnus avant les élections. Le score misérable du PCOT lui semble également incompréhensible. Meriem a fait campagne pour la liste indépendante Doustourna qui réuni les associations qui ont travaillé sur la constitution de Mahdia, à laquelle nous avions assisté au mois de juillet. " Nous avons fait une très belle campagne , c'était serré avec le PDP." me dit-elle. Pourtant, la liste n'a pas eu un seul siège à l'assemblée constituante... "Pour les féministes, il faut tout revoir depuis le début. Avec Ennahda, on est face à un bloc majoritaire dans la constitution et ils seront probablement dans le gouvernement.  Ils ont beaucoup d'argent et travaillent de manière efficace. Pour la gauche, l'heure est à l'union, on ne peut plus se permettre d'être éparpillés. On ne sait pas ce qu'il va se passer dans les dix prochains jours, comment vont réellement se conduire ceux qui disaient ne jamais s'allier avec les islamistes. Par rapport aux droits des femmes, je ne pense pas qu'il y ait une réelle menace. Par contre, dans le quotidien des femmes ça peut être dangereux. On peut laisser les textes de loi indemnes mais intimider les femmes dans les quartiers. Les lois avancent dans un sens mais les pratiques peuvent reculer. Par exemple, dans les tribunaux, la loi qui est toujours une interprétation peut être interprétée d'une façon néfaste pour les femmes. Elles seront les premières victimes. C'est là qu'il va falloir se battre, et la société civile sera là, vigilante! Certaines copines féministes ont même dit qu'elles s’installeraient devant le siège de la constituante!" dit Meriem en riant. Puis elle lance, déterminée, avant d'aller rejoindre les autres femmes pour la réunion : "Pour moi, le combat commence à peine!".
Je propose à Meriem de la revoir dans quelques jours, une fois que les femmes de l'ATFD auront digéré les résultats des votes et commencé à travailler sur une nouvelle direction...

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