Wassila Ayachi nous accueille dans son bureau de l' UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail, le principal syndicat du pays) dans un quartier populaire de la ville de Ben Arous, banlieue sud de Tunis. Comme la plupart des féministes tunisiennes, Wassila fait partie de l'AFTD depuis la création de l'association en 1989 (voir billet n°4). Bien qu'elle soit secrétaire générale adjointe de la section régionale et chargée de l'information auprès des femmes, des jeunes et des associations, elle reste l'une des rares femmes élues à un poste important au sein du syndicat. D'ailleurs elle avoue : "Pour une militante de gauche, il ne vaut mieux pas se dire féministe...". Pourtant, sa prise de conscience des inégalités entre hommes et femmes est apparue très jeune : "Très tôt on constate une différence entre les hommes et les femmes, ça se voit déjà au sein de la famille où il y a un déséquilibre avec le frère. Et l'expérience de la fac m'a permis d'être consciente de ce qu'il se passe au sein de la société".
A l'instar de la plupart des féministes, Wassila est de tous les combats. Dans les années 83-84, elle participe avec les autres étudiant(e)s à la "révolution du pain". Le gouvernement de Bourguiba avait décidé d'augmenter le prix du pain et de la farine de 100% sous la pression du Fonds Monétaire International (FMI) qui exigeait un plan d'austérité. Des émeutes éclatent alors en Tunisie, tout particulièrement à Sfax et Tunis. "Les ouvriers, les chômeurs, tous les laissés pour compte sont descendus dans la rue. Beaucoup de personnes ont été tuées par les policiers à ce moment-là...". Face à la révolte, le gouvernement recule. Le peuple gagne au prix d'un centaine de morts et de milliers d'arrestations. Mais Wassila rappelle les dégâts sociaux causés ensuite par le plan d'ajustement à partir de 1986 : "L'état s'est désengagé du secteur public, il y a eu des privatisations, notamment dans l'éducation, la santé... Il faut beaucoup d'argent pour s'acheter des médicaments. C'est maintenant que l'on voit les conséquences de la privatisation sur les jeunes diplômés chômeurs qui ne trouvent pas de travail et qui veulent émigrer..."
Les femmes tunisiennes travaillent essentiellement dans l'enseignement primaire ou secondaire ainsi que dans la santé concernant le secteur public; et dans l'agriculture et le textile concernant le secteur privé. Mais dans le privé les salaires des femmes restent très bas : 150 euros par mois au maximum. "Les femmes sont mal payées, maltraitées et n'ont pas de protection sociale... De plus, ce sont elles qui s'occupent des enfants lorsqu'ils sont malades ou qu'il faut aller les chercher à l'école et il en résulte des absences. Cela nuit également à leur carrière. Les femmes ne peuvent jamais monter en grade..." La violence au travail est très présente pour les femmes du privé : harcèlement, insultes, humiliation... De plus, rien n'est fait pour leur faciliter la vie au quotidien. Le congé maternité, mis en place en 1956, est d'un mois dans le secteur privé, sans aucun congé prénatal. Les femmes du public sont de grandes "privilégiées" : elles ont droit à deux mois de congé maternité. "Avec la commission des femmes travailleuses de l'UGTT, nous travaillons sur la convention internationale n°183 qui concerne la maternité afin de faire pratiquer la législation internationale à l'intérieur de la législation tunisienne".
Wassila nous explique à quel point la sous-traitance, mise en place sous Ben Ali, est un véritable fléau en Tunisie, dans le secteur public comme dans le privé. Il faut savoir que dans le privé, l'employé(e) n'est titularisé(e) qu'au bout de 4 ans. La sous-traitance permet aux entreprises de fournir leurs propres employé(e)s à d'autres entreprises sous-traitantes tout en prenant une commission au passage. On se doute alors que la négociation se fait sur le dos des travailleurs-euses qui sont moins payé(e)s, sans aucune protection sociale et dans une situation de précarité qu'accompagne la peur permanente d'un licenciement.
A l'instar de la plupart des féministes, Wassila est de tous les combats. Dans les années 83-84, elle participe avec les autres étudiant(e)s à la "révolution du pain". Le gouvernement de Bourguiba avait décidé d'augmenter le prix du pain et de la farine de 100% sous la pression du Fonds Monétaire International (FMI) qui exigeait un plan d'austérité. Des émeutes éclatent alors en Tunisie, tout particulièrement à Sfax et Tunis. "Les ouvriers, les chômeurs, tous les laissés pour compte sont descendus dans la rue. Beaucoup de personnes ont été tuées par les policiers à ce moment-là...". Face à la révolte, le gouvernement recule. Le peuple gagne au prix d'un centaine de morts et de milliers d'arrestations. Mais Wassila rappelle les dégâts sociaux causés ensuite par le plan d'ajustement à partir de 1986 : "L'état s'est désengagé du secteur public, il y a eu des privatisations, notamment dans l'éducation, la santé... Il faut beaucoup d'argent pour s'acheter des médicaments. C'est maintenant que l'on voit les conséquences de la privatisation sur les jeunes diplômés chômeurs qui ne trouvent pas de travail et qui veulent émigrer..."
Les femmes tunisiennes travaillent essentiellement dans l'enseignement primaire ou secondaire ainsi que dans la santé concernant le secteur public; et dans l'agriculture et le textile concernant le secteur privé. Mais dans le privé les salaires des femmes restent très bas : 150 euros par mois au maximum. "Les femmes sont mal payées, maltraitées et n'ont pas de protection sociale... De plus, ce sont elles qui s'occupent des enfants lorsqu'ils sont malades ou qu'il faut aller les chercher à l'école et il en résulte des absences. Cela nuit également à leur carrière. Les femmes ne peuvent jamais monter en grade..." La violence au travail est très présente pour les femmes du privé : harcèlement, insultes, humiliation... De plus, rien n'est fait pour leur faciliter la vie au quotidien. Le congé maternité, mis en place en 1956, est d'un mois dans le secteur privé, sans aucun congé prénatal. Les femmes du public sont de grandes "privilégiées" : elles ont droit à deux mois de congé maternité. "Avec la commission des femmes travailleuses de l'UGTT, nous travaillons sur la convention internationale n°183 qui concerne la maternité afin de faire pratiquer la législation internationale à l'intérieur de la législation tunisienne".
Wassila nous explique à quel point la sous-traitance, mise en place sous Ben Ali, est un véritable fléau en Tunisie, dans le secteur public comme dans le privé. Il faut savoir que dans le privé, l'employé(e) n'est titularisé(e) qu'au bout de 4 ans. La sous-traitance permet aux entreprises de fournir leurs propres employé(e)s à d'autres entreprises sous-traitantes tout en prenant une commission au passage. On se doute alors que la négociation se fait sur le dos des travailleurs-euses qui sont moins payé(e)s, sans aucune protection sociale et dans une situation de précarité qu'accompagne la peur permanente d'un licenciement.
Wassila Ayachi devant la bibliothèque du local de l'union régionale de l'UGTT de Ben Arrous |
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