Le bottin tunisien est entièrement écrit en français. Je fais part de mon étonnement à Azza, jeune étudiante de 23 ans et fille de Fathi Chamkhi. Elle me raconte "A l'école, dès le secondaire, nos cours sont entièrement dispensés en français. Alors que pendant 9 ans tout est en arabe, brusquement cela s'arrête et tout est en français. Maintenant j'ai l'impression de ne pas pouvoir parler très bien dans aucune des deux langues. C'est frustrant. C'est ça la colonisation!". J'imagine ce que c'est de se sentir dépossédée de sa propre langue...
Cela met en exergue le clivage social existant. Les personnes qui n'ont pas pu aller jusqu'au bac ne parlent généralement pas bien voire pas du tout le français. J'ai déjà remarqué cela avec un chauffeur de taxi - ce qui donne une sorte de conversation surréaliste - et aussi une femme de ménage avec laquelle j'ai fini par communiquer en signes des mains. Même si la classe moyenne et aisée réside en majorité à Tunis, comme dans toute les grandes villes la pauvreté y est aussi présente. En ville comme à la campagne, beaucoup de parents sont trop pauvres pour pouvoir envoyer leurs enfants à l'école. Bien qu'elle soit censée être gratuite, il est exigé depuis peu un droit d'inscription à payer parfois au prix d'un SMIG. Sans compter les fournitures scolaires que certains foyers ne peuvent tout simplement pas financer. Il en résulte une déscolarisation des enfants dont la plupart travaillent très tôt. Généralement les filles sont les premières à voir leurs études sacrifiées au profit de leur frère.
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