Leila me raconte qu'il fut un temps où la poussière de phosphate se déposait partout dans la maison. Il suffisait de faire sécher du linge dehors et celui-ci était recouvert d'une fine poussière noire. Il fut également un temps où la compagnie de phosphate distribuait l'eau gratuitement aux habitants de Redeyef. Peut-être une sorte de compensation aux dégâts humains et écologiques produits par l'exploitation de ce minerai destiné essentiellement aux engrais? Aujourd'hui, ce temps est révolu. Ne reste plus que l'exploitation pure et simple du sol et des hommes, sans autre forme. L'eau est devenue payante, à l'image des denrées trop chères du pays. Dans le même temps, les mines commencent à nettoyer le phosphate à l'eau. On ne trouve plus de poussières de phosphate sur les vêtements mais l'eau sous la terre est pompée et polluée... Leila, qui n'a jamais eu de travail salarié, a dû abandonner son carré de jardin potager qui lui permettait de cultiver fruits et légumes pour son propre usage et celui de sa famille. A cause de l'eau, devenue trop chère. Mais Leila a gardé ses oliviers, vestiges robustes du jardin d'antan. Et à chaque récolte des petites olives noires qu'elle fait fermenter au soleil c'est une petite victoire sur le pillage incessant des terres sableuses de Redeyef. Des petites olives succulentes qu'elle nous sert aux repas et qui nous rappelle qu'ici, la richesse est à portée de main, il suffirait juste qu'elle retourne dans celles de ceux qui vivent sur cette terre depuis si longtemps...
Les olives sont fermentées au soleil |
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