J'ai voulu venir à Redeyef grâce à une vidéo postée sur Facebook dans laquelle Leila Khaled racontait sa lutte en 2008 pour faire sortir de prison son mari Béchir Labidi et son fils Moudapher. Je savais que la région de Gafsa et les événements de 2008 étaient au centre de la révolution. Mais en réalité, comme beaucoup de monde, je ne savais rien...
Hier, à mon arrivée, sur le chemin du bus à la maison de Leila et Béchir, les filles me font remarquer une affiche électorale sur un mur. C'est Béchir Labidi qui s'est présenté sur une liste indépendante lors des élections d'octobre dernier (voir mes billets sur les élections : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, etc.). Je leur demande quels ont été les résultats ici, à Redeyef, bastion de la révolte et du syndicalisme. Elles me répondent dans un sourire désolé : "Comme partout en Tunisie, Ennadha en premier et ensuite Marzouki (CPR)...." Je reste perplexe devant ce score... Quelque chose ne colle pas avec ce que je sais de la ville et de ses habitants...
Mais en discutant avec Leila, le soir, j'apprends qu'elle a fait partie de l'ISIE (Instance Supérieure Indépendante pour les Elections) chargée notamment du contrôle des résultats. Et j'apprends surtout que les résultats enregistrés à Redeyef ont subi un léger changement en arrivant à Tunis. Changement en défaveur de listes de gauche comme celle de son mari. Quoi faire? C'est de la fraude! Je repense à tous ces journalistes français, emplis de certitudes et annonçant avec suffisance que les élections s'étaient merveilleusement bien passées en Tunisie.... A croire que les mensonges médiatiques des deux côtés de la méditerranée persistent même après Ben Ali. Leila me dit qu'une plainte a été déposée... En attendant, celle-ci n'est pas traitée et les dirigeants, même provisoires, sont bel et bien à la tête d'une assemblée qui semble davantage remettre en cause les acquis de la constitution existante que rendre hommage aux aspirations de la révolution.
Béchir Labidi devant l'affiche électorale de sa liste présentée en octobre 2011 |
Leila Khaled, la main posée sur sa maison. Derrière elle, les montagnes phosphoreuses dont la découverte par un français à la fin du XIXème siècle va transformer la ville. |
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