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mercredi 14 mars 2012

Descente à Redeyef au coeur de la Révolution


Descendre de Tunis à Redeyef, c’est passer d’un paysage de verdure à une étendue ocre où se détachent au loin les montagnes de la frontière Algérienne.  Une région de contrastes où la terre est porteuse d’une richesse dont l’exploitation n’a fait que dégrader la vie des habitants. Le phosphate est partout présent dans ces montagnes à la roche friable. Cet or gris scintille dans les particules de l’air que l’on respire, lorsque le vent balaye les monticules de poudre sis dans la ville. Une richesse que les hommes et les femmes de Redeyef voient partir en poussière argentée tandis que la ville s’appauvrit, que le taux de chômage augmente et que les employés sous-payés observent les riches dirigeants des usines et des entreprises de sous-traitance posséder davantage de maisons, de voitures, voire de femmes…


Lorsque je débarque du bus à l’arrêt situé près d’une des multiples mosquées qui essaiment dans la ville, je suis accueillie par la famille de Leila et Béchir Labidi. Filles et nièces ont attendu patiemment mon arrivée malgré les deux heures de retard du bus. En pleine côte celui-ci s’est tout doucement éteint et j'ai considéré avec surprise les voyageurs défilant le long du véhicule avec des bouteilles d’eau pour refroidir le moteur… La routine. Pourtant la jeune infirmière assise près de moi et qui fait plusieurs fois par semaine le trajet de sa maison de Gafsa jusqu’à son travail à Redeyef (le secteur hospitalier est essentiellement occupé par des femmes) s’impatientait en regardant sa montre. Par le bus, deux heures de route abimée sont nécessaires pour relier Gafsa et Redeyef pourtant distantes de 70 km.


Les filles rigolent lorsque je leur demande pourquoi les maisons de la ville ne sont pas terminées. Question un peu naïve lorsque l’on réfléchit aux conséquences des manifestations de 2008 sévèrement réprimées par des arrestations, emprisonnements et tortures. Dans une région où le chômage atteint presque les 50%, la plupart du temps ce sont les hommes qui travaillent. Et lorsque ceux-ci sont emprisonnés, les ressources de la maison sont tout bonnement coupées.  Pourtant la pauvreté n’a pas stoppé toutes les constructions de Redeyef : en témoignent le bâtiment flambant neuf des télécommunications qui n’a jamais servi ainsi que la Mosquée qui a poussé en quelques mois après la révolution et semble dominer le paysage avec sa tour phallique et illuminée la nuit… Tout un symbole !


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