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mardi 26 juillet 2011

L'usine


Après notre entretien avec Meriem Zeghidi, nous repartons à la gare centrale où nous attend Mohammed. Il doit nous conduire à l'usine où travaillent Sonia et Monia, nos deux ouvrières syndicalistes, à M'Hamedia banlieue sud de Tunis. J'ai tenu à voir de prés à quoi ressemble une usine française implantée dans la banlieue de Tunis. Elle ressemble bien sur à n'importe quelle usine située dans un noman's land, au bout de nulle part. Mohammed a tenu à nous accompagner car l'adresse n'est pas facilement trouvable. Nous montons tous les trois dans le taxi. Habituellement, il prend le bus comme toutes les ouvrières mais il préfère nous "épargner" cela.


Le taxi nous dépose devant une casse automobile. De chaque côté de la route des cailloux et du sable. Des arbres et arbustes sont alignés près d'énormes canalisations en béton. Je ne vois aucun bâtiment nulle part. Juste la route goudronnée et les voitures qui passent à toute vitesse. Mohammed emprunte à travers la végétation un passage discret qui semble avoir été modelé par les piétinements répétés des gens. Nous le suivons. Derrière cette barrière végétale se trouve en parallèle une rue bordée d'usines. Une rue qui se termine sur rien, une véritable impasse avec un unique trottoir pour une seule rangée de numéros face à la terre poussiéreuse fermée par les arbres. Une rue en plein cagnard, sans une once d'ombre face aux usines rutilantes sagement alignées les unes à côté des autres. Autour de cette rue étrange, il n'y a rien. Aucun commerce, mise à part la casse de l'autre côté, aucune vie mises à part les voitures qui passent. Abrités du soleil derrière un des murs de l'usine, nous attendons la sortie des ouvrières à 16h30. La sonnerie de l'usine retentit et nous voyons débouler dans la rue un cortège de jeunes femmes pressées de partir. Certaines rient et parlent entre elles, d'autres pressées de rentrer marchent vite, seules et silencieuses. Sonia et Monia arrivent enfin. Mohammed nous quitte et nous le remercions chaleureusement. J'aimerais faire les portraits devant l'usine. Je tâte le terrain près de la sortie où se trouvent les gardiens. Ils rigolent en me voyant faire et réclament une photo pour eux. Plutôt sympas et bon-enfant. Puis nous allons vers le bâtiment de verre où se trouve l'administration de l'usine.

De gauche à droite : Monia, Sonia et... l'homme à la blouse blanche
 Le bâtiment blanc et bleu reflète le ciel bleu. Perversité de la transparence à tout prix, transparence dans un seul sens où finalement rien ne transparaît. Transparence de la tour de contrôle qui observe sans être vue. Il est probable que l'on va finir par nous repérer. Cela arrive très vite. Dans mon objectif, je vois l'homme à la blouse blanche surgir à l'arrière-plan. Je continue de prendre les photos tandis que la silhouette grossit à l'intérieur du cadre. Lorsque j'entends sa voix qui m'apostrophe, je lève la tête de mon appareil photo. "Bonjour, qu'est-ce que vous faites, là?". Je réponds que nous sommes françaises et que nous faisons un article sur les femmes en Tunisie. Ce chef d'atelier me fait sentir que cela ne lui plaît guère. Quel article? Quel journal? Quel sujet? Je réponds poliment. Il demande à ce que l'article lui soit envoyé par mail. Sa demande ressemble davantage à un ordre. Il écrit son mail sur mon carnet et nous regarde partir. La séance photo est terminée. Pour notre entretien croisé, Sonia et Monia nous emmènent, Monika et moi, dans leur café préféré en plein centre de Tunis sur l'avenue Bourguiba.

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