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vendredi 22 juillet 2011

Drôle d'endroit pour une rencontre (Mahdia 1)

Mokhtar nous emmène dans sa voiture direction Mahdia. Le Manifeste du 20 mars, l'Association Tunisienne pour l'action citoyenne (ATAC), l'Organisation tunisienne pour la citoyenneté (OTC) et le Rassemblement pour une Alternative Internationale de Développement (RAID ATTAC CADTM) ont décidé d'organiser une grande rencontre-débats dans cette ville afin d'écrire les bases de la nouvelle constitution tunisienne. Située à 200 km de Tunis, Mahdia comme la plupart des villes côtières, est axée sur le tourisme.

Après trois heures de route vers le sud de la capitale, toutes fenêtres ouvertes et transpirant comme dans un hammam, nous arrivons enfin à Mahdia. Nous dépassons le centre ville pour longer la côte où s'alignent les complexes hôteliers les uns à la suite des autres. Ils possèdent tous un petit morceau de plage privée. Quelques kilomètres plus tard, nous finissons par trouver le "Mahdia Palace". Après quelques mots échangés en arabe avec Mokhtar (qui fait partie du RAID, cela facilite les choses), le gardien nous laisse pénétrer dans ce sanctuaire touristique à cinq étoiles. Le lieu est immense et me semble d'un luxe tapageur. Je n'ai personnellement jamais mis les pieds dans un tel endroit. Dès l'entrée, nous croisons des touristes rubiconds : ce doivent être des allemands ou des anglais. Des familles tunisiennes bien apprêtées circulent également. Je suis un peu déçue : ces gens ne semblent pas mesurer l'importance de ce qui va se jouer ici ce week-end.

En pénétrant dans le grand hall de l'hôtel, nous sommes frappés par sa magnificence et son luxe débordant voire dégoulinant. Bien que de jolies peintures aux motifs arabisant décorent les grands piliers carrés en fausses boiseries, le stuc et le toc semblent régner dans les lieux. En avançant vers la baie vitrée, j'ai l'impression de pénétrer dans un énorme gâteau à la crème...

Nous sommes un peu désappointés de voir que la constitution la plus "à gauche" va naître dans un tel décor. Je ressens un profond décalage. Il me semble étrange de réfléchir sur la démocratie, la révolution, la dette, la souveraineté populaire... dans ce sanctuaire du tourisme. Mais les quelques amis tunisiens interrogés nous assurent qu'il n'y a là rien de choquant. Même s'il existe d'autres lieux, il est fréquent de louer des salles dans ce genre d'hôtel. De plus il était plus commode pour faire venir des gens de toute la Tunisie d'organiser les choses sur un site touristique plutôt qu'à Tunis. Et l'attrait du lieu permet d'attirer plus de personnes, et puis ça plaît aux jeunes... Pourtant lorsque nous croisons Mehdi, l'un des responsables de cette rencontre, il semble débordé par l'organisation. "On n'a pas l'habitude! On attend 500 personnes. Les autres partis ont téléphoné aux hôtels alentours pour leur dire de ne pas nous donner de chambres. S'il vient plus de gens que prévu, on ne saura pas où les loger!" explique-t-il l'air vraiment embarrassé sous son bonnet de rasta. Sa tâche est effectivement énorme et nous le verrons courir tout au long du week-end et s'assurer régulièrement du bon fonctionnement du congrès. 

 

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