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jeudi 8 mars 2012

Le 8 mars au Bardo


Le journal La Presse de Tunis privilégie en gros titre
l'affaire du drapeau de la Manouba tout en s'interrogeant
sur les droits des femmes en Tunisie aujourd'hui.
Après la conférence de presse donnée par l’ATFD (Association Tunisienne des Femmes Démocrates), que Khouloud a l’amabilité de me traduire, nous nous rendons en taxi au rassemblement du Bardo.
Le Bardo est un quartier de  l’ouest de Tunis où se trouve le bâtiment de l’assemblée constituante. Depuis les élections d’octobre dernier c’est ici que se tiennent la plupart des manifestations. Tandis que les politiciens siègent dans l’assemblée, le peuple veille au-dehors...
Lorsque nous lui indiquons notre destination, le chauffeur de taxi nous lance un regard noir. Et ce n’est certainement pas à cause des embouteillages qu’il continue dans un mutisme appuyé de nous lancer furtivement quelques regards réprobateurs que je saisi au passage dans le rétroviseur. Les regards en disent long sur les pensées des gens et particulièrement en Tunisie. Il se doute que nous n’allons pas à l’assemblée pour faire notre shopping ou notre prière. Nous allons participer à la manifestation du 8 mars, pour les droits des femmes, à l’appel d’association féministes et féminines tunisiennes.
Mais le trajet est bloqué car se tient une autre manifestation. Depuis hier des étudiants occupent la cour du Ministère de l’enseignement supérieur suite à l’affaire du drapeau de la Manouba. Certains ont même dormi sur place. Bien qu’il ait été obligé de «condamner» publiquement l’acte commis, le gouvernement n’a pas condamné juridiquement l’acte des islamistes. Or, la loi puni toute personne portant atteinte au drapeau. Mais le gouvernement, composé entre autres du parti islamiste «Ennahda» élu à 40% en octobre dernier et du président de la république Moncef Marzouki représentant le CPR (Congrès pour la République) un parti de centre gauche, reste particulièrement laxiste concernant les extrémistes. Ce qui déplaît fortement à une grande partie de la population tunisienne.
"Tous ensemble pour un printemps des femmes tunisiennes"

Le soleil a rendez-vous avec les femmes. Lorsque nous arrivons devant l'assemblée la rue est comble et les drapeaux balayent le ciel sous les chants joyeux des femmes. Beaucoup d'hommes sont présents. Les manifestants du ministère de l'enseignement supérieur se sont aussi donné rendez-vous ici. On a peur aussi... Peur que les islamistes "mettent le bordel", "provoquent", que les policiers chargent sous n'importe quel prétexte comme durant la dernière manifestation de l'UGTT. La peur se mêle à la joie, la révolte à l'espoir et la colère à l'optimisme... Certains disent qu'il ne se passera rien : trop de médias sont présents, surtout les médias étrangers... Cette manifestation se tient sous le signe  de Khaoula Rachidi devenue le symbole de cette journée. La jeune femme qui a courageusement affronté le jeune salafiste sur le toit de la Manouba est présente en filigrane tout au long de la journée. Et le drapeau tunisien, fédérateur, sera le plus présent de la manifestation de ce 8 mars, faisant chatoyer sa couleur rouge, couleur des roses et de la révolution...

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